Les 50-64 ans, sur-consommateurs de médias historiques et numériques

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Les 50-64 ans sont passés maîtres dans l'art de l'hybridation. Ils mêlent fidélité à la télévision live et surconsommation des plateformes et du digital, et même des usages sur internet, proches de populations plus jeunes. Plus équipée en supports que la moyenne, cette cible est grande consommatrice de radio et de télévision et majoritairement utilisatrice de SVOD. Mais l’activité professionnelle et la présence d’enfants sont des critères déterminants dans leurs usages.

Représentant près d’une personne sur cinq en France, les 13,2 millions d'individus de 50-64 ans ne constituent pas une audience uniforme dans leurs pratiques médiatiques. Leur profil, qu’ils soient actifs ou qu’ils vivent encore avec des enfants, détermine l’intensité et la nature de leur consommation. Avec un taux d’emploi qui a largement progressé de 8 points depuis 2015 pour atteindre 69 %, cette population est encore investie dans le monde du travail. Cette réalité organise radicalement leur consommation TV et radio.

Le travail et les enfants façonnent leur consommation média

Le temps de travail réduit drastiquement le temps passé devant le téléviseur. La durée d'écoute TV atteint 5 heures et 29 minutes par jour chez les inactifs, contre seulement 3 heures et 46 minutes chez les actifs. Les écarts se creusent massivement l'après-midi, avec plus 67 % d'audience chez les inactifs [...] par rapport aux actifs relève Isabelle Maurice, directrice Etudes, Veille et Prospective de Médiamétrie. 

L’activité professionnelle est, par nature, également un facteur clé pour la radio, dont la consommation est souvent associée aux déplacements domicile-travail. Avec presque 80% d’audience cumulée chez les 50-64 ans actifs, ces derniers sont ainsi "davantage auditeurs de la radio, avec plus 9 points par rapport aux inactifs", poursuit l’experte. Leurs pics d'audience coïncident d’ailleurs avec ces trajets quotidiens. En outre, tandis que seulement 44% des inactifs sont allés au cinéma dans l’année, 69 % des actifs ont fréquenté les salles obscures, jouant un rôle de "publics clés pour le cinéma français".

Contrairement aux idées reçues, les 50-64 ans "hébergent encore souvent un enfant au sein de leur foyer, un critère qui s'avère assez important dans leur consommation", analyse Isabelle Maurice. La présence de leur progéniture - jusqu'à 25 ans - influence les parents vers les usages numériques de manière exponentielle. La présence d'enfants au foyer double quasiment la probabilité d'utiliser de la SVOD. Si, au global, 42 % des 50-64 ans utilisent une plateforme, ce taux chute à 33 % dans les foyers sans enfant, mais l’usage en concerne 54% lorsque l'enfant est présent. L’écoute de podcasts atteint le même niveau chez les parents, vs 35% seulement pour les autres. Les enfants "participent également à l'acculturation des parents dans l'univers des plateformes". La présence d'enfants déteint aussi sur la consommation internet : les parents y passent 4 heures et 24 minutes par jour, soit 1h38 de plus que ceux sans enfants au foyer. L'effet est particulièrement visible sur les réseaux sociaux et les messageries : les 50-64 ans hébergeant leurs enfants y passent deux fois plus de temps que ceux sans enfant au foyer (47 min sans enfant au foyer vs 1h21 en présence d’enfant) ". Ces services leur permettent certainement "de suivre les comptes de leurs enfants et de rester en contact avec eux".


Un appétit pour les offres innovantes

D’une manière plus générale, et bien qu'ils soient ancrés dans les médias historiques, avec un fort "attachement [...] au « poste » radio et au téléviseur, les 50-64 ans affichent une "vraie curiosité pour les nouveaux usages médias qui s'installent progressivement dans leur routine", constate Isabelle Maurice. Et ce, d’autant que cette cible, qui affiche le salaire médian le plus élevé, est "plus équipée que la moyenne des individus sur l'ensemble des équipements", notamment en récepteurs.

"En télévision, le live domine et représente les trois quarts du temps vidéo des 50-64 ans, avec une durée d'écoute quotidienne de 3 heures et 39 minutes. Pourtant, loin de se limiter au direct, cette cible est certes extrêmement friande de télévision, mais également de ses déclinaisons numériques"

relève Isabelle Maurice, directrice Etudes, Veille et Prospective de Médiamétrie

A signaler que la part de la TV en live a reculé sur un an, au profit de la vidéo sur internet, qui a représenté 12% du temps consacré à la vidéo en 2025, vs. 9% en 2024. 

Ils sont surtout les premiers consommateurs de programmes délinéarisés, à hauteur de 27 minutes par jour. Le replay et/ou le preview touche chaque semaine 60 % des 50-64 ans. Ce sont aussi de grands consommateurs de radio, avec 77 % d'auditeurs quotidiens, pour une durée d’écoute moyenne de plus de 3 heures par jour. Leur surconsommation du numérique les caractérise. Le digital représente en effet plus d'un quart de la consommation avec "une jolie hausse de +21% d’auditeurs en l’espace de 2 ans". Elle est principalement portée par le mobile, avec une croissance de +35 % d’auditeurs sur ce support en deux ans. Quant à la SVOD, elle constitue maintenant un marché mature. L'usage des services de vidéo à la demande s’est installé depuis la crise sanitaire. Aujourd’hui, 98 % des 50-64 ans connaissent au moins une plateforme de SVOD. En plus d'être de gros utilisateurs, ce sont des clients de choix. "Ils sont 86 % à payer leur abonnement, c’est donc une cible solvable", indique la spécialiste des études. Autre particularité, 83 % des 50-64 ans préfèrent regarder les contenus sur leurs plateformes en version française.

"Adeptes des nouveaux usages, les 50-64 ans sont aussi connectés que les plus jeunes. Chaque jour, 86,8 % d'entre eux vont sur Internet, un taux légèrement plus élevé que ceux des 15-24 et des 25-49 ans (respectivement 85,6 et 86,0% à se connecter quotidiennement). Ils consomment d’ailleurs les mêmes plateformes sociales que les 25-49 ans, avec lesquels ils partagent le même Top 10 des réseaux sociaux et messageries - avec Facebook, WhatsApp et Instagram en tête - à la seule exception de Pinterest, à la 9ème place sur cette cible."

Catherine Poullet, Directrice Mesure d’Audience Internet. 

Leur inclinaison pour les jeux mobiles, comme Candy Crush ou Royal Match, est tout aussi inattendue. Les 50-64 ans sont premiers en temps passé sur ce type de jeux avec 24 minutes par jour. "Leur couverture quotidienne est de 31 %, la même que les 15-24 ans", L'adoption de l'intelligence artificielle conversationnelle est quant à elle progressive, avec 4,8 % des 50-64 ans chaque jour en juin 2025. Les utilisateurs quotidiens de cette tranche d’âge y passent en moyenne 9 minutes 39 secondes par jour. Néanmoins, cette cible se montre plus prudente envers l’intelligence artificielle, 52 % d'entre eux la qualifiant d'"inquiétante", et 35 % de "risquée", témoignant d'une "méfiance plus grande à son égard que le reste de la population", souligne la directrice Mesure d’Audience Internet de Médiamétrie. Adoption ne vaut donc pas adoration.
 

Direction de la publication : Equipe Communication de Médiamétrie

Rédaction : Didier Si Ammour

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