M Insights, Le dossier - La fiction française, toujours reine… et désormais maîtresse du temps
M Insights, Le dossier, c'est chaque mois un article de fond issu des résultats de nos études, de nos analyses et de nos expertises pour une compréhension toujours plus fine des tendances du marché, un éclairage et un décryptage de l’évolution des comportements médias des Français.
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À l’occasion du Festival de la Fiction de La Rochelle 2025, un constat s’impose : la fiction (séries et unitaires), notamment française, en plus de régner sur le prime time, s’affirme comme le genre qui tire le mieux parti de la révolution des usages. Entre direct, replay, preview, enregistrement et plateformes, elle accompagne les téléspectateurs là où ils sont… et quand ils veulent.
Un genre indétrônable à la télévision
Au premier semestre 2025, la fiction représente 19 % de la consommation totale de programmes de télévision, juste derrière les magazines (20%) et devant l’information et les jeux. Elle occupe 18 % de la grille sur l’ensemble de la journée. Lors du prime time (21h-23h), la fiction prend encore plus d’ampleur : elle représente 21 % de la grille et près d’1 programme visionné sur 3.
Les Français consacrent à la fiction en moyenne 163 heures par an en 2024 preuve que ce rendez-vous reste un moment clé pour découvrir ou retrouver des histoires, des univers et des personnages.
Le délinéaire, nouvel allié de la fiction
Si le direct reste central, on constate l’essor du visionnage « non live » - audience preview, replay, enregistrement personnel et contrôle du direct - pour transformer la manière de découvrir et suivre les œuvres de fiction. Au premier semestre 2025, 13 % de l’audience de la fiction s’est effectuée en usage non live, un chiffre qui atteint 19 % en prime time (21h15-22h50) et même 27 % chez les 35-49 ans.
Pour certaines œuvres, le non live dépasse même le direct :
- Rivages (France.tv – Du 06/01 au 20/01) : 51 % de consommation replay dans les 28 jours suivant la diffusion live (J+28) + preview, pour 4,2 millions de téléspectateurs
- Moi, moche et méchant (Canal+ - 14/02) : 88 % de visionnage replay à J+28 + preview,
- Vigil (Arte.tv – Du 09/01 au 30/01) : 62 % de consommation répartie entre replay à J+28 et preview.
Ces chiffres témoignent d’un basculement profond : la fiction n’est plus liée à un horaire fixe, elle circule librement entre linéaire, replay, preview, enregistrement et plateformes. Cette souplesse joue en sa faveur, en renforçant sa présence sur la durée et en élargissant son public. L’audience se construit désormais sur plusieurs jours, voire plusieurs semaines. La fiction devient un contenu à cycle long, capable de cumuler une audience globale bien supérieure à sa performance en soirée de lancement.
Les grands rendez-vous de prime time continuent toutefois de signer des performances impressionnantes : HPI sur TF1 le 15/5 avec 7,8 millions de téléspectateurs et 38,3 % de part d’audience, Alex Hugo sur France 3 le 20/5 : 5,7 millions de téléspectateurs et 28,2 % de part d’audience, ou encore Carpe Diem (5,5 millions, 29 % - le 10/03 sur TF1). Les 15-34 ans quant à eux regardent plus HPI en preview ou en différé qu’en live. Aujourd’hui l’impact d’une œuvre se mesure désormais autant dans sa trajectoire post-diffusion que lors de sa première soirée.
La fiction française en pleine ascension
En dix ans, la fiction hexagonale est passée de 16 titres dans le top 100 des meilleures audiences de la télévision à plus de 70 aujourd’hui. Ce renversement reflète un saut qualitatif et une meilleure exposition, mais aussi la capacité à créer des formats qui voyagent du direct aux plateformes. Ce phénomène se retrouve à l’international : l’analyse du top 10 des fictions en prime-time dans 11 pays confirme la domination des fictions locales et, dans une moindre mesure, des coproductions. Seules l’Australie, la Suède et l’Espagne accordent une plus grande place aux séries importées, britanniques pour les deux premiers, et turques pour la troisième.
Les services de SVOD, désormais tenus d’investir dans la production locale, offrent une vitrine supplémentaire : environ un tiers de leur consommation concerne des contenus français ou européens, dont les séries constituent la part dominante. Les créations françaises y trouvent une place croissante, élargissant leur rayonnement au-delà des frontières. Leurs audiences – plus fragmentées - commencent à être mesurées par Médiamétrie dans la cadre de la future mesure cross-médias vidéo, ce qui pourrait faire évoluer les stratégies éditoriales. Sur les plateformes SVOD, la fiction audiovisuelle a représenté 75% de la consommation au premier semestre 2025.
La fiction française ne se limite plus au face-à-face chaînes/plateformes. Les coproductions entre chaînes et plateformes se multiplient à l’instar de Tout le Ciel Bleu entre TF1 et Netflix, Belphégor entre M6 et HBO Max ou encore Cœurs Noirs entre Prime Vidéo et France Télévisions : les deux univers collaborent à travers des partenariats, à l’instar de ceux conclus entre TF1 et Netflix ou France Télévisions et Prime Vidéo notamment. Ces alliances, qui visent à diffuser le flux des chaînes sur les plateformes, renforcent la visibilité de la fiction française, lui offrant à la fois un prolongement d’audience et un tremplin vers de nouveaux publics, tout en créant des revenus complémentaires pour les diffuseurs.
Les grandes chaînes, moteurs de la fiction locale
Les grandes chaînes généralistes constituent les piliers de la diffusion de fiction. Au premier semestre 2025, TF1 concentre 28 % de la consommation du genre, suivie par France 3 (23 %) et France 2 (10 %). À noter également, TF1 Séries Films diffuse à elle seule près d’un quart de l’offre totale sur les chaînes suivies par Médiamétrie.
Les feuilletons quotidiens confirment leur place dans le quotidien des téléspectateurs Saison 2024 - 2025:
- Un si grand soleil (France 3, 20h40) rassemble 2,8 millions de téléspectateurs en moyenne.
- Demain nous appartient (TF1, 19h) : 2,6 millions.
- Ici tout commence (TF1, 18h35) : 2,5 millions.
- Plus belle la vie, encore plus belle (TF1, 14h) : 2,1 millions, avec une part d’audience impressionnante de 26,4 %.
- Scènes de ménages (M6, 20h40) : 2,3 millions, avec une part d’audience de 11,5%
Les jeunes apprécient ces feuilletons quotidiens avec plus d’une personne entre 15 et 34 ans sur 4 en contact avec l’un d’entre eux chaque semaine. Une pratique en grande partie réalisée en non-live.
Les nouveautés, quant à elles, commencent à rencontrer leur public :
- Nouveau jour (M6, 20h40 - 30/06 au 05/09) : 1,1 million – 7,1 % de PDA. La consommation non live à J+7 est de 35 % de l’audience globale pour la période du 30/06 au 05/09
- Tout pour la lumière (TF1, 18h - 16/06 au 05/09) : 960m – 11 % de PDA – La consommation non live à J+7 est de 19 % de l’audience globale pour la période du 16/06 au 05/09
Un socle culturel et stratégique
Plus qu’un genre parmi d’autres, la fiction structure la programmation, forge l’identité des chaînes et plateformes, et joue un rôle clé dans la préservation d’un récit national face à l’offre mondialisée. L’hybridation entre linéaire et numérique lui ouvre de nouvelles perspectives : fidéliser dans le direct, recruter en différé, exister sur la durée.
Le Festival de la Fiction de La Rochelle 2025 s’ouvre ainsi sur un constat clair : la fiction française est désormais le moteur le plus sûr pour traverser les mutations de l’audiovisuel.
Direction de la publication : Equipe Communication de Médiamétrie
Rédaction : Laure Osmanian Molinero
Sources :
• Médiamétrie – Base depuis le 1er janvier 2024 : France entière – Tous écran– Audience à date
Les chiffres du S1 2025 prennent en compte les 17 chaines pigées du service médiamat (hors chaînes info par exemple), détentrices d’un canal tout au long de l’année (hors C8, NRJ12 & T18)
Les chiffres de 2024 prennent en compte les 19 chaines pigées du service médiamat
• Baromètre de l’Offre et de la Consommation SVOD Médiamétrie Harris Interactive.
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