La télévision n’a jamais autant aimé le cinéma

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Le cinéma n’a jamais eu autant la cote à la télévision. En 2013, les chaînes du Médiamat national ont diffusé plus de 5300 films. Une augmentation de 10% en 2013 par rapport à 2012, due principalement à l’arrivée des chaînes TNT HD qui prolonge une forte tendance depuis la naissance des premières chaînes TNT en 2005. Une étude de Médiamétrie décrypte ces tendances.

Quel bond en avant! Les chaînes de télévision diffusent 2000 films de plus par an qu'il y a dix ans! L’arrivée et le développement du numérique a fait son effet. Bilan 2013 : 5319 films, tous horaires confondus, en comptant les multidiffusions c'est-à-dire lorsqu’un même film est programmé plusieurs fois la même année. En 2004, vingt ans après la création de Canal+ mais juste avant la naissance des chaînes TNT, 3334 films par an étaient déjà programmés, rediffusions et multidiffusions incluses. Il s’agit, soulignons-le, du nombre de passages à l’antenne et non du nombre de films différents. L’arrivée des chaînes TNT, à partir du 31 mars 2005, s’est avérée un booster très efficace, d’autant qu’elles pratiquent souvent comme les autres la multidiffusion : 4071 films en 2005 pour aboutir à 4815 films en 2012, toutes chaînes du Médiamat national quotidien confondues (TF1, France 2, France 3, Canal+, France 5, M6, Arte, D8, W9, TMC, NT1, NRJ12, France 4, D17, Gulli, HD1, 6ter et RMC Découverte). L’essentiel des six nouvelles chaînes TNT HD lancées le 12 décembre de cette année-là a constitué à nouveau un accélérateur. Le chiffre global de films diffusés en 2013 représente une augmentation de 10,5% par rapport à 2012.

La multidiffusion de plus en plus pratiquée

Plus de 5300 films à la télé en un an, la somme est impressionnante. Evidemment, à elle seule, Canal+, qui propose ses nombreux films à plusieurs moments de la journée, de la semaine et du mois, en a diffusé un bon tiers (36,4% précisément avec 1936 films) et Arte 15% (801 films). Mais pareil essor s’explique en large partie par la floraison de l’ensemble des chaînes TNT (37% des films). Elles programment largement plus de films que les chaînes hertziennes historiques gratuites en dehors d’Arte. De plus, la TNT multidiffuse fréquemment. C’est le cas de 37% de leur catalogue en moyenne alors même que TF1, France 2, France 3 et M6 ne diffusent jamais deux fois un film la même année. Sur ce plan, Canal+ et Arte sont deux grandes spécialistes de la multidiffusion : sur la première, 80% de longs métrages sont multidiffusés, 47% sur la seconde. La première étant payante, la seconde franco-allemande, elles n’obéissent pas, il est vrai, à la même règlementation CSA (voir encadré). Elles diffusent également beaucoup de films en dehors des heures de grande écoute.

 

 
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En prime time, le cinéma est très prisé sur la TNT

Les chaînes TNT, au contraire, sont celles qui proposent le plus de cinéma à 20h30, au moment où la télévision peut rassembler aisément le plus de téléspectateurs. Pas autant, bien entendu, que Canal+, chaîne qui propose le plus grand nombre de films à cette heure-là (159 par an en 2013), ni qu’Arte (149). Soit trois prime time par semaine environ. En revanche, la TNT tient la dragée haute aux chaînes gratuites historiques. Quand c’est cinéma à peine plus d’une fois par semaine en prime time sur France 3 (65 fois en 2013), TF1 (55 fois) ou encore France 2 (54 fois) et M6 (29 fois), c’est deux à trois fois plus sur la TNT. A elles seules, ces chaînes-là diffusent les deux tiers du cinéma en prime time. D8 caracole en tête (138 films en 2013 en première partie de soirée). Suivent de près NT1 (123 films) ainsi que France 4, HD1 et W9 (120). L’offre cinéma en prime time est légèrement moins fournie sur 6Ter (113) et TMC (103), voire sur Gulli (100). Deux chaînes TNT proposent un nombre de films équivalent à celui des quatre grandes chaînes historiques: NRJ12 (69 films par an) et D17 (61). Une particularité qui ferait une bonne question dans un quizz? RMC Découverte ne diffuse qu’un seul film en prime time en 2013 et France 5 aucun. Au global, 30% des diffusions ont lieu dans le cadre du prime time, en comptant les multidiffusions.

Moins de films sur les chaînes historiques mais plus d’inédits

Le catalogue cinéma des chaînes hertziennes historiques bénéficie à leurs chaînes TNT filiales. Tandis que les historiques ont tendance à diminuer le nombre de films proposés en prime time pour se concentrer sur des inédits. TF1 se limite en général à une soirée cinéma par semaine tout comme France 2 et France 3. Les longs métrages sont souvent remplacés par des séries étrangères sur TF1, des magazines sur France 2, des documentaires sur France 3, soit des séries soit des documentaires sur M6. En revanche, ces chaînes historiques préfèrent augmenter la proportion de films grand public et diffusés pour la première fois en clair, souligne l’étude de Médiamétrie (seule Canal+ pouvant régulièrement proposer des inédits télé). C’est ainsi que 66% des longs métrages en prime time sont inédits sur M6 (parmi les chaînes hertziennes historiques, c’est aussi celle qui diffuse le moins de films en prime time), 44% sur TF1, 39% sur France 2, 25% sur Arte et 18% sur France 3. Inédit en clair signifie aussi cherté. Voilà pourquoi les chaînes TNT ne diffusent pas plus de 6% d’inédits en moyenne.

Le cinéma dynamise surtout l’audience des chaînes TNT

Les plus fortes audiences cinéma sont l’apanage, dans l’ordre, de TF1, France 2, M6 et France 3. Deux facteurs clés : la puissance habituelle des chaînes et le caractère inédit - voire récent - et grand public des longs métrages proposés. Même si dans l'offre des programmes, ce genre laisse un peu plus de place aux séries, les films font bien souvent partie du top 5 des meilleures audiences des chaînes chaque année que ce soit sur des chaînes historiques et encore plus sur les chaînes de la TNT.

 
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TF1 domine le palmarès

Les plus fortes audiences sont trustées par TF1 et les trois quarts des vingt premières places sont le fait de films diffusés pour la première fois en clair. La chaîne leader rafle 19 des 20 premières places en 2013, surtout avec des inédits. La comédie « Rien à déclarer », avec Dany Boon et Kad Mérad, caracole en tête (9.980.000 téléspectateurs). France 2 se glisse au 13e rang avec « Les Tontons flingueurs », une rediffusion (6,7 millions de téléspectateurs le 24 novembre). Il n’y a pas un genre qui cartonne particulièrement. Parmi les vingt meilleures audiences de l’année passée figurent surtout des films policiers et d’aventure, mais aussi des comédies, de la science-fiction, des films d’animation.

 
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Cela dit, les meilleurs scores 2013 n’entrent pas dans le top 20 cinéma historique (depuis 1989), car le nombre de chaînes ayant énormément augmenté les audiences se fragmentent. Un palmarès qui voit trôner le drame « L’Ours », avec 16.351.000 téléspectateurs (le 23 février 1992 sur TF1). Ce film de Jean-Jacques Annaud avait conquis 9,1 millions d’entrées lors de sa sortie en salles. Mieux que « Bienvenue chez les Ch’tis », avec Dany Boon et Kad Mérad, 5e place du top 20 historique avec 14.396.000 téléspectateurs (film qui avait suscité 20,4 millions d’entrées en salles).

En comparaison, les performances des films sur les chaînes de la TNT paraissent modestes. La plus forte audience 2013 atteint 2.260.000 téléspectateurs. C’est le score du film d’animation « Moi, moche et méchant », diffusé sur TMC (24 octobre), qui se place au 166e rang du palmarès annuel. Il est vrai que TF1 l’avait diffusé huit mois plus tôt, qui plus est pour la première fois en clair, une fraîcheur qui avait séduit 7.123.000 cinéphiles et lui avait valu la 10e place du top cinéma 2013.

Pour autant le cinéma permet à presque toutes les TNT d’obtenir leurs meilleures audiences de l’année sans faire exploser leur budget financier.

Marc Pellerin

Source : Médiamétrie (Médiamat et 75 000) et CNC

Des quotas pour protéger la création cinématographique

L’industrie cinématographique française fait des envieux. La fréquentation en salles dépasse les 200 millions d’entrées par an. Les grandes chaînes financent largement la création y compris cinématographique. Afin de mieux la protéger, le Conseil supérieur de l’audiovisuel impose également une règlementation exigeante concernant la diffusion des films sur les chaînes nationales gratuites. Ce régime institue des quotas, des plafonds à ne pas dépasser, des cadres horaires et prohibe certains jours presque toute la journée. C’est l’exception culturelle française qui protège et encourage la création cinématographique.
Chaque chaîne gratuite, sauf Arte car elle est franco-allemande, ne doit pas diffuser plus de 192 films différents par an, quelle que soit l’heure. En prime time, c’est-à-dire entre 20h30 et 22h30, les chaînes françaises gratuites ne doivent pas diffuser plus de 144 films par an, 60% d’entre eux au moins doivent être européens et 40% français. En dehors de ces heures de grande écoute, les chaînes ne doivent pas, en outre, diffuser plus de 52 films classés Art et essai.
La diffusion des longs métrages est interdite le mercredi soir avant 22h30 (sauf Art et essai), le vendredi soir avant cette heure-là aussi (sauf Art et essai), le samedi toute la journée et le dimanche avant 20h30.
Cette règlementation explique en partie pourquoi le cinéma ne représente, en moyenne, pas plus de 3% des programmes des chaînes gratuites nationales. Arte est une exception avec 16% mais ses films souvent exigeants sont en conséquence relativement peu fédérateurs. La proportion de 3% de cinéma dans la grille de programmes est exactement celle observée chez TF1 et France 2. Sur M6 c’est trois fois moins (1%). Sur la TNT c’est également 3% en moyenne (au plus 6% sur HD1, 5% sur France 4 et, à l’opposé, moins de 1% sur RMC Découverte il est vrai axée sur les documentaires).
La règlementation se traduit par ailleurs par des films plus ou moins récents. Avant de diffuser un film, Canal+ doit respecter un délai de 10 mois après sa sortie en salles, les chaînes hertziennes historiques gratuites un délai de 22 mois.
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Un téléspectateur cinéphile souvent plus jeune et plus actif

Le profil des amateurs de films à la télévision diffère de celui des cinéphiles qui vont voir les longs métrages en salles mais il reste assez proche de celui des téléspectateurs en général.
A leur sortie en salles, les films attirent essentiellement un public plus jeune (un tiers a moins de 25 ans, contre en moyenne 13% pour le public d’un film télévisé). A la télévision, plus familiale, ils fédèrent moins d’étudiants, mais plus d’actifs et de retraités. De plus, en salles, les femmes sont plus nombreuses (52% contre 50,1% devant le petit écran). Enfin la télévision rassemble plus aisément les habitants des agglomérations de moins de 100.000 habitants.
Un trait fort distingue en prime time le public cinéma des chaînes historiques de celui des chaînes TNT : le public cinéphile de ces dernières est plus masculin et plus jeune ; sur M6 et TF1, il est également plus jeune mais plus féminin ; sur France 2, France 3 et Arte plus âgé.
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Calcul d’intervalle de confiance à 95%

Taille de l'échantillon ou d'une cible dans l'échantillon

n =

Proportion observée dans l'échantillon ou sur une cible dans l'échantillon

p =

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Attention : ne s'applique qu'à une proportion. Le Taux Moyen est une moyenne de proportions et la Part d'audience un rapport de proportions.
Cet outil est donné à titre indicatif. Il ne saurait pouvoir s'appliquer sans autres précautions à des fins professionnelles.

Test de significativité des écarts entre deux proportions

Permet d'évaluer si la différence entre 2 proportions est significative au seuil de 95%

Proportion

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Échantillon 2

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Attention : ne s'applique qu'à une proportion. Le Taux Moyen est une moyenne de proportions et la Part d'audience un rapport de proportions.
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